Large mobilisation citoyenne le 12 février 2022!
Une centaine d'opposant.e.s se sont mobilisés sur l'une des parcelles voisines des 24 hectares convoités par le projet du PDE et y ont symboliquement planté un pommier haute-tige. L'ancien conseiller d'Etat Fernand Cuche y a prononcé un discours engagé pour soutenir la cause défendue par La Tène en Transition.
Ci-dessous, l'article paru dans Le Courrier du 16 février 2022.
Le sort du futur pôle économique de La Tène, à l’est du littoral neuchâtelois, pourrait être tranché devant la justice. Les adversaires du projet affûtent leurs armes
La pression s’accentue sur La Tène
ALAIN MEYER
Neuchâtel «Une ressource vivrière, non une zone industrielle! » ou «La terre pour nourrir, les friches pour construire!» L’argumentaire des opposant·es au projet du pôle économique de La Tène, à la pointe est du lac de Neuchâtel, pourrait être brandi jusqu’au Tribunal fédéral. Les adversaires de l’implantation sur ces terres agricoles d’un site comprenant 3000 emplois plein-temps et 500 habitant·es (+10% de la population à La Tène) sont disposé·es désormais à aller jusqu’au bout pour sauver 24 hectares arables. L’été dernier, près de 200 oppositions ont déjà été déposées, émanant notamment des rangs écologistes, qui s’interrogent en particulier sur la capacité de la commune à se doter de suffisamment d’infrastructures, des écoles notamment, pour absorber un pareil site.
Mobilisation citoyenne
Samedi, près d’une centaine de personnes se sont donné rendez- vous sur la zone prévue pour héberger, à l’horizon 2040, ce pôle de développement situé entre un centre commercial mammouth et le village voisin d’Epagnier. Cette action au cours de laquelle un arbre a été planté symboliquement est la première mobilisation citoyenne contre ce projet. Sur ce site, le canton veut accueillir des entreprises suisses ou étrangères innovantes dans des domaines pouvant valoriser son image. Un écoquartier doit aussi surgir de terre, accompagné de dessertes et facilités en faveur de la mobilité douce. Ces promesses font sauter au plafond Armand Ducraux, élu du délibératif de la commune de La Tène. Egalement membre de l’association apolitique Entente, il a déposé à la fin de l’automne dernier une interpellation. Son but: rappeler qu’en Suisse les cantons sont tenus de maintenir un contingent de terres arables et d’en assurer aussi la protection.
Biodiversité à tous les étages
Dans ce texte, Armand Ducraux relève le dilemme auquel sont confrontés les pouvoirs publics. «L’impossible recherche d’harmonie entre des enjeux opposés. Développer l’économie et la prospérité du canton d’un côté, et préserver les ressources non renouvelables que sont les surfaces d’assolement de l’autre.» Il avertit: «En cas de pénurie, le pays n’aurait que très peu de marge pour maintenir une autosuffisance alimentaire.» Les autorités de La Tène lui ont toutefois rappelé que de tels pôles sont considérés comme d’intérêt cantonal prépondérant. Et que celui-ci répond parfaitement aux règles. Qui plus est, la Confédération y a apporté son blanc-seing. «Une réponse technocratique», selon Armand Ducraux. «Peut-être que dans dix ans, nous nous inquiéterons d’avoir du pain ou de l’huile de colza», a-t-il conclu. Les contestataires de ce projet partent également du principe que le canton de Neuchâtel compterait assez de friches industrielles à réhabiliter pour éviter de construire à tout prix du neuf sur des terres agricoles jugées d’une qualité exceptionnelle. Celles de la Tène sont situées en plaine et proches du Seeland, région propice aux exploitations maraîchères. «Il y a urgence à les protéger pour que l’on puisse demain accéder à une nourriture suffisante et saine», a réagi samedi Fernand Cuche sur les ondes de la radio RTN. Très engagé, l’ancien conseiller d’Etat écologiste neuchâtelois était présent lors de la manifestation. L’ex-édile observe que les pouvoirs publics des pays industrialisés ont toutes les peines du monde à infléchir leurs réflexions sur l’avenir de l’utilisation du territoire. Avec la qualité riche et productive des terres de La Tène, «nous pourrions tester une autre agriculture intégrant des dimensions sociétale, environnementale, productive et économique », promeut-il. Fernand Cuche assène, sur son site, que «renoncer à l’extension de ce pôle industriel constitue un acte politique fort qui offre un espoir à la jeunesse dans l’attente de décisions gouvernementales significatives d’une remise en question».
Séance d’informations prévue
Seule garantie obtenue pour l’instant, les autorités communales ont promis d’organiser une séance d’informations pour la population. Du côté du canton, une séance de conciliation entre des représentant·es de l’Etat et les adversaires du pôle a eu lieu il y a trois semaines. Interrogé par Le Courrier, le secrétaire général du département, Mathieu Erb, n’avait voulu apporter aucun commentaire «tant que la procédure est en cours». Mais les adversaires affirment que cette séance n’a finalement «abouti à aucune prise en compte» des propositions faites pour revoir le projet. Depuis cet échec, les réfractaires ont récolté environ 10 000 francs pour se prémunir d’éventuels frais administratifs et de justice s’ils devaient porter cette affaire devant le tribunal cantonal. Ce qui ne saurait tarder tant les fronts sont figés.
«Renoncer à l’extension de ce pôle industriel constitue un acte politique fort qui offre un espoir à la jeunesse»
Fernand Cuche